Pendant des générations, les lacs bleus et les rives rocheuses du Bouclier canadien ont façonné l'identité et l'esprit de notre nation. Ce paysage rude et ondulant a laissé sa marque sur certains chefs d'oeuvre de la littérature, de la peinture et de la dramaturgie canadiennes. Près des deux tiers du pays est situé sur l'assise rocheuse du Bouclier. Le plus grand écosystème du Canada, la forêt boréale, s'étend sans interruption de la côte est aux Rocheuses. Pour les scientifiques, la région où se superposent le Bouclier canadien et la forêt boréale est dite Bouclier boréal ; c'est la plus grande des 15 écozones terrestres du Canada.

Le Bouclier boréal s'étire sur 3 800 km, de Terre-Neuve à l'Alberta ; situé sur six provinces, il couvre plus de 1,8 million de km2, soit près de 20 % de la superficie terrestre du Canada, et inclut environ 10 % de ses eaux douces. Certains des plus grands cours d'eau du Canada y ont leur source, comme les rivières Nelson, Churchill et Rupert, ainsi que le Saint-Laurent. De vastes masses d'eau, comme les lacs Winnipeg, Supérieur et Huron, ornent ses frontières. L'écozone proprement dite est parsemée d'une multitude d'autres lacs, certains grands, comme le lac Nipigon et le lac Saint-Jean, d'autres si petits qu'ils n'ont toujours pas reçu de nom.

L'intérêt du Bouclier boréal ne tient pas seulement à son substrat rocheux ou à ses régions forestières vierges ; il est aussi l'habitat d'animaux qui symbolisent les bois du Nord canadien : le castor, l'orignal, le caribou des bois, le loup et l'ours noir. Ces terres bien irriguées fournissent aussi un habitat aux oies et canards migrateurs, qui y sont attirés par milliers chaque printemps.

Les premiers occupants de ce territoire -Beothuks, Algonquins et Iroquois- vivaient au rythme des cycles complexes de la nature et des mouvements des animaux. Dès la fin des années 1700, les trésors de fourrures, de bois et de minéraux dont regorge la région avaient suscité l'intérêt des visiteurs européens. Quelque deux cents ans plus tard, ces ressources de régions pionnières sont encore la base de l'économie du Bouclier boréal. Bien que l'aménagement industriel n'ait pas beaucoup marqué l'écozone, il faudra y mettre en place des pratiques de gestion visant le long terme pour assurer la pérennité des ressources du Bouclier boréal à l'intention des générations futures.