Accueil | Retour | Suivant
Cadre écologique du Canada
La définition du cadre

Applications du cadre

La révision et la mise en application du cadre visent à faciliter l'intégration des données obtenues par diverses instances et divers organismes d'une manière qui soit utile au plus grand nombre possible d'intéressés et d'intervenants possible. Une façon de relever ce défi et d'évaluer l'information consiste à considérer le cadre comme un répertoire et les unités écologiques comme un ensemble complet de fichiers d'information. Il en résulte un terrain commun permettant de décrire globalement et de comprendre les écosystèmes du Canada (voir Partie II : Introduction,Gouvernement du Canada 1996). Grâce à ces fichiers, chaque organisme ou secteur de compétence ainsi que chaque chercheur ou gestionnaire peuvent contribuer au processus. Les gouvernements et les autres groupes ne disposent pas, à l'heure actuelle, des moyens nécessaires pour créer de toute pièce une base d'information sur les écosystèmes; ils doivent s'en remettre aux experts, aux banques d'information et aux réseaux de surveillance existants.

Pour la plupart des gestionnaires et des décideurs, la situation idéale consisterait à avoir un seul cadre dans lequel s'inscriraient toutes les décisions. Cependant, les questions et les enjeux particuliers exigent l'utilisation d'autres cadres spatiaux (Gray et al. 1995;Jarvis et al. 1995). Le présent cadre écologique devra, à tout le moins, être en harmonie étroite avec les cadres établis selon les limites administratives et politiques et selon les bassins-versants.

Les applications du cadre à l'échelle nationale et régionale n'ont rien de nouveau. On a déjà utilisé des versions antérieures des écozones, des écoprovinces, des écorégions et des écodistricts pour la rédaction des rapports sur l'État de l'environnement, pour l'évaluation et le classement des menaces cumulatives pour l'habitat des espèces sauvages, pour l'évaluation des zones protégées, pour les études sur le changement climatique, pour les évaluations des pluies acides, pour l'étude de la répartition des espèces rares et menacées ainsi que comme cadre pour l'évaluation de la représentativité des écosystèmes (Rubec 1992). Les paragraphes qui suivent traitent de certaines applications actuelles du cadre ainsi que des développements visant à intégrer les sources importantes de données à l'échelle nationale.

Production de rapports

Les écozones et les écorégions révisées sont maintenant utilisées pour l'analyse et la préparation du contenu du troisième Rapport sur l'État de l'environnement, qui doit être publié en 1996, ainsi que dans certains rapports provinciaux et territoriaux réguliers.

On élabore actuellement, à l'intention des secteurs forestier et agricole, des indicateurs s'appliquant à la composante terrestre du cadre. Ressources naturelles Canada (Service canadien des forêts) utilise le cadre pour mettre au point des indicateurs du degré de perturbation et de la biodiversité des forêts et pour préparer le rapport annuel au Parlement sur l'état des forêts, grâce à la base de données de l'Inventaire des forêts du Canada (IFCan).

La base de données IFCan a été intégrée, à l'aide du SIG, aux écozones et aux écorégions terrestres (Lowe et al. 1995). Elle est une des très rares bases de données nationales fournissant de l'information sur le couvert forestier. Elle pourrait un jour incorporer d'autres attributs pertinents des écosystèmes forestiers. Grâce à sa récente intégration au cadre écologique, l'IFCan permet d'analyser les données reliées ou cumulatives selon les écozones et écorégions terrestres. Cela complète, sans toutefois remplacer, la capacité déjà existante de l'IFCan de fonctionner par province ou territoire et par région ou section forestières (Rowe 1972).

Certains attributs relatifs à l'utilisation des terres du Recensement de l'agriculture ont été reliés, par l'intermédiaire des polygones de pédo-paysage, aux écodistricts, écorégions et écozones. On élabore actuellement des indicateurs du risque de dégradation des sols, du risque de contamination des eaux, des changements dans l'utilisation des terres agricoles et des bilans des gaz à effet de serre d'origine agricole (Acton 1994;McRae et Lombardi 1994). À l'aide de ces liens avec les données du recensement, on peut appliquer des algorithmes de modélisation à divers niveaux de détail, selon l'application, et afficher les résultats à n'importe quel niveau pertinent du cadre. En Ontario, les données du recensement ont permis de caractériser la nature et l'intensité des utilisations des terres agricoles pour les divers niveaux du cadre (Jarvis et al. 1995). Les écorégions ont aussi servi à isoler des régions aux fins de l'interprétation de la qualité de l'environnement (Jarvis et al. 1995). On a utilisé des données tirées des Pédo-paysages du Canada et du Recensement de l'agriculture (1981 et 1991) afin d'évaluer deux facteurs importants de la qualité de l'eau : la production de fumier et l'utilisation des pesticides.

En vertu de la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale (LCEE) et de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement (LCPE), on utilise le cadre pour organiser et transmettre l'information exigée au niveau des écozones. En vertu de la LCEE, tous les projets d'évaluation environnementale intéressant le gouvernement fédéral sont consignés par écozone dans le Registre public (Agence canadienne de rapports sur l'État de l'environnement 1994). Enfin, en vertu de la LCPE, les sociétés et les personnes demandant un permis d'importation et d'application de pesticides microbiens sont tenues de fournir certains renseignements permettant d'évaluer les risques écologiques pour chaque écozone.

Les stratégies des organismes gouvernementaux et non gouvernementaux en matière de zones protégées sont structurées en fonction des écosystèmes plutôt que des limites politiques. Le Service canadien de la faune, de concert avec Habitat Canada, utilise le cadre pour caractériser les principales zones d'habitat et pour mettre au point des stratégies en vue d'en assurer la protection. Le Conseil canadien des aires écologiques (CCAE) utilise le cadre pour mieux atteindre son objectif de création et de maintien d'un réseau complet d'aires protégées représentatif de la diversité écologique du Canada (Gauthier et al. 1995). Le cadre stratégique ainsi obtenu retient l'écorégion comme unité de premier ordre pour l'évaluation (analyse des écarts) des aires écologiques pouvant être incluses dans un système canadien d'aires représentatives (Gauthier 1992).

Surveillance

La surveillance des effets des pratiques d'aménagement exige une information de base sur les propriétés et l'évolution des écosystèmes. Le cadre permet de découper le territoire canadien selon divers niveaux d'uniformité écologique. Aux fins de la surveillance, cela facilite l'attribution ou le raccordement des stations à une classification écologique uniforme et permet ainsi de réduire au minimum la variance due à l'échantillonnage et d'accroître notre capacité d'extrapoler les résultats pour les régions possédant des propriétés semblables.

Le Service canadien des forêts a adopté le présent cadre comme grille pour garantir la représentativité, à l'échelle nationale, des recherches menées par son réseau de la biodiversité. À l'heure actuelle, Environnement Canada et le Service canadien des forêts s'affairent à intégrer au cadre les données provenant du Dispositif national d'alerte rapide pour les pluies acides (DNARPA) et du réseau de surveillance du Transport à distance des polluants atmosphériques (TADPA), dans le but d'améliorer la surveillance et l'interprétation des changements dans la biodiversité des forêts. Dans le cadre d'une initiative connexe, Environnement Canada travaille avec le CCIF fédéral-provincial, dont le secrétariat est assuré par le Service canadien des forêts, en vue de cataloguer les placettes d'échantillonnage permanentes (PEP) de l'ensemble des forêts canadiennes selon les unités du cadre écologique. Il existe des milliers de ces parcelles, et l'industrie et les organisations provinciales et territoriales exercent sur elles une surveillance régulière. Ce sont là des sources inestimables de données de base utiles pour la compréhension et l'analyse des conditions et des changements touchant les forêts.

La Direction de la recherche d'Agriculture et Agroalimentaire Canada exploite un réseau de stations-repères de surveillance des sols soumises à des régimes agricoles représentatifs de toutes les provinces canadiennes. Les données qui en résultent sont reliées au cadre, pour la production de sommaires et pour des applications ultérieures de modélisation.

Le Plan vert du Canada prévoyait l'établissement d'une capacité à long terme de surveillance et d'évaluation, en vue de l'étude des ressources menacées, de la réaction des écosystèmes et de l'impact des perturbations majeures sur ceux-ci (Gouvernement du Canada 1990). En 1994, le Réseau d'évaluation et de surveillance écologique (RESE) a été mis sur pied, avec un bureau de coordination fourni par Environnement Canada (Bureau de coordination de la surveillance écologique 1994,1995). Ce réseau est décentralisé et ouvert à quiconque souhaite y participer. On retrouve parmi ces participants des réseaux organisés, comme le DNARPA, ainsi que les stations-repères de surveillance des sols déjà mentionnés. Le réseau a été conçu de manière à encourager les chercheurs à concentrer leurs travaux sur des stations précises à l'intérieur du cadre écologique, en adoptant une approche écosystémique. Il vise à compenser l'absence de séries continues de mesures prises uniformément sur une longue période, pour l'évaluation de la durabilité des écosystèmes.

Résumé

Ces exemples d'applications et d'efforts visant à intégrer l'information illustrent l'avantage de pouvoir compter sur un cadre établissant des correspondances au-delà des frontières politiques et fournissant plusieurs niveaux de généralisation à l'échelle nationale. Les résultats de la surveillance des stations, de l'évaluation environnementale ou des inventaires peuvent être comparés aux données provenant d'écosystèmes similaires d'autres régions du pays et faire l'objet de rapports selon une gamme variée d'échelles. On est même en train d'appliquer le cadre à des questions sectorielles. Ce terrain neutre permet l'intégration de données provenant d'organisations ayant des mandats différents, portant sur divers aspects de l'environnement. Le cadre est donc un outil stratégique utile pour la planification des évaluations, des recherches et des structures, pour la modification des réseaux de surveillance et des rapports et pour la diffusion des concepts de l'écologie. Le processus de classification et de cartographie écologique se veut itératif. À mesure que la surveillance des stations, les progrès scientifiques et leurs applications nous en apprendront davantage sur les fonctions et les processus des écosystèmes, nous pourrons améliorer le présent cadre et, par le fait même, la qualité de nos réponses de gestion aux problèmes et aux enjeux (Hughes et al. 1994).

Suivant